Le 12 mai dernier, le contrat de cuivre au comptant a atteint les 8 788 dollars la tonne au London Metal Exchange, premier marché mondial des métaux non ferreux, après avoir déjà fortement progressé de près de 50% en 2005. Depuis, ce métal a suivi le mouvement baissier qui a frappé l’ensemble des matières premières. Ainsi le 22 novembre dernier, la tonne de cuivre est redescendue à 6 857 dollars, soit une chute de près de 22% en l’espace de six mois.

Un cours du cuivre élevé…

A l’origine de cet engouement pour le cuivre ? La demande galopante en métal rouge. Et plus particulièrement le décalage entre l’offre et la demande qui a débuté fin 2003 sous l’influence des marchés asiatiques, et dans une moindre mesure, du marché russe. A ceci s’ajoute un phénomène de spéculation des marchés financiers. Mais ce dernier reste «difficile [à] prévoir et [à] quantifier», précise Olivier Tissot, le directeur du Centre d’information du cuivre.

Toutefois, un certain retour à l’équilibre devrait être observé cette année, voire une progression de l’offre face à la demande. Olivier Tissot se veut optimiste : «aucune pénurie de cuivre ne se profile donc à l’horizon et les estimations actuelles projettent des réserves totales évaluées à 2,3 milliards de tonnes». «Plus nous consommons du cuivre et plus nous découvrons de gisements. A ceci s’ajoute la mise en œuvre de moyens supplémentaires de prospection», analyse le directeur du Centre d’information du cuivre.

Autre facteur explicatif de la hausse du cours : le caractère multi-usage du cuivre. En effet, ce métal est utilisé dans bien des secteurs. Il «connaît une grosse application dans le monde du bâtiment. Il est utilisé en plomberie, en électricité mais également pour les réseaux de transport», commente Olivier Tissot.

Toutefois, cette hausse du cours du cuivre a eu un impact limité sur les consommateurs particuliers. «Les industriels ont fait de gros efforts en réduisant leurs marges afin que le cuivre reste accessible sur le marché» et «l’essentiel du prix est composé de la main d’œuvre et non de la matière première».

Autant d’éléments qui ont suscité les convoitises des voleurs et l’appétit des ferrailleurs. ...qui ravive l’appétits des voleurs

Mais le vol ne concerne pas que le métal rouge puisque le nickel, l’aluminium, le plomb ou encore le bronze ont également leurs filières. «Par rapport à la même période de l'année 2005, le nombre de dépôts de plainte a augmenté de 44,6%», souligne Philippe Schneider de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), avant de poursuivre que «le petit resquilleur qui visite les chantiers pour carotter quelques kilogrammes de métal, et qui a toujours existé, côtoie dorénavant le gros voyou qui monte des opérations musclées».

«Nous avons certainement affaire à des professionnels relevant du grand banditisme», a déclaré Philippe Deslandes, le préfet de la Marne, au lendemain d’une tentative de vol de cuivre par quatre hommes encagoulés sur la ligne à grande vitesse, en mai dernier.

En effet, tous les moyens sont bons pour recueillir ces précieux métaux : attaques à mains armées, cambriolages, fausses identités (le déguisement en faux policiers semblant très prisé)….et le tout orchestré à la minute près.

Ce sont donc de véritables réseaux organisés qui volent les objets en bronze ou en étain sur les tombes des cimetières ou arrachent les câbles en cuivre du réseau SNCF. A tous ceux qui ne croyaient plus aux annonces du transporteur ferroviaire «le réseau SNCF est momentanément perturbé suite à des actes de malveillance» ou encore «les RER de la ligne B subissent un retard de 15 à 20 minutes suite à un vol de câbles», sachez qu’on ne nous ment peut-être pas !

P.C.